Après une séparation, certains parents ou enfants auront de la facilité à s’adapter, alors que ce sera très difficile pour d’autres. Dans les séparations conflictuelles, les chercheurs constatent des répercussions importantes à long terme pour les enfants.

Me Louis Baribeau, avocat et médiateur familial

Les séparations sollicitent grandement la capacité d’adaptation des parents et des jeunes, surtout au cours des deux années suivant la séparation, selon la Dr Amandine Baude, chercheuse au CIUSSS de la Capitale Nationale, postdoctorante spécialisée en psychologie du développement[1]. Une séparation occasionne beaucoup de stress dans la famille.

Les parents et les enfants auront à faire le deuil de la famille telle qu’ils l’ont connue et subir les impacts financiers de la séparation, les modifications des liens avec les membres de la famille élargie et les amis, et les changements de résidence et d’école pour les enfants. Les parents devront faire l’apprentissage de la coparentalité. Les enfants devront accepter le partage du temps entre leurs parents.

Certains devront, en plus, composer avec les relations très tendues, voir conflictuelles, de leurs parents. Des conditions qui peuvent engendrer des problèmes psychologiques graves pour les jeunes enfants, remarque la chercheuse en psychologie Francine Cyr[2].

Dans certaines familles, des conflits présents avant la séparation continueront de persister au-delà de celle-ci. Certains conflits parents-enfants naissent immédiatement lors de la séparation. Dans d’autres familles, les conflits naissent après la séparation, par exemple, lorsqu’un des parents introduit un nouveau conjoint dans la sphère familiale.

Lorsqu’il y a conflit intense entre les parents, il devient difficile de développer de bonnes et saines pratiques de coparentalité. Devant les enfants, les parents se disputent, se dénigrent ou refusent carrément de communiquer entre eux. Ils prennent des décisions unilatérales concernant les loisirs des enfants ou ne respectent pas les ententes ou décisions de la cour sur la répartition du temps parental ou sur la garde. Ils demandent aux enfants d’agir comme intermédiaire entre eux. Le conflit se judiciarise. Parfois, même, les enfants doivent témoigner à la cour.

Les recherches démontrent que les relations intensément conflictuelles qui perdurent après la séparation sont particulièrement néfastes pour les enfants. En effet, les enfants qui y sont exposées sont plus à risque de développer un conflit de loyauté ou de subir les effets d’une rupture de lien avec un parent. À long terme, les enfants peuvent développer différents problèmes tels que de l’agressivité, des problèmes avec l’autorité, de l’anxiété et de la dépression, selon la chercheure Francine Cyr[3]. Elle précise que « c’est non seulement la présence de conflits, mais la détérioration du climat interparental qui affecterait le plus les enfants! »[4]

[1] Lors de la journée de formation du Carrefour Aliénation Parentale du 19 octobre 2019;

[2] Ph, D., professeure agrégée, Département de psychologie, Université de Montréal, dans « Pour en finir avec cette polémique autour de la garde physique partagée principalement pour les enfants de moins de six ans » Santé mentale au Québec 331 (2008) : 185-190.

[3] « Soutenir la coparentalité dans les séparations hautement conflictuelles Défi ou Utopie ? Des solutions innovatrices basées sur la complémentarité des interventions psychojuridique » dans Revue scientifique AIFI, Volume 4, Numéro 1, 2010.

[4] « Intervenir dans les situations de séparation hautement conflictuelles et d’aliénation parentale » (2017).

 

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